Nos pensées d’invisibles… qu’on est de côté, hors sentir, dans les bords morts du décor…
Nos mots d’invisibles… angoisse, peur, humilité…
Nos pensées d’invisibles… qu’on n’est pas écouté…
Nos mots d’invisibles… pour ceux qui souffrent et ne le disent plus. Ces mots qu’on leur dit. Ces mots qu’on nous imagine pas. Nos mots errants.
Nos pensées d’invisibles… que je vais être là pour toi, mon homme malade, mon homme en souffrance, mon homme sans amour, je ne t’aime plus, mais je vais être là pour toi, t’accueillir, t’héberger, tu n’es plus mon amour mais je ne serai jamais ta haine.
Nos mots d’invisibles… fines, minces, fragiles… quand nous parlons de nos maigres chances.
Nos pensées d’invisibles… quand on se dit, se répète de rester chez soi, de laisser les volets fermés, de fermer, fermer, de ne plus regarder ce qui se passe dehors, ce qui se passe sans nous.
Nos mots d’invisibles… Qu’on adresse à celles et ceux pour qui l’on existe pas, qu’on lance, qu’on jette à leur absence.
Nos pensées d’invisibles… Qu’on donne, oui on donne, à tout le monde si c’est nécessaire, on donne, solidaires, mais si on me fait un coup de crasse, je réponds. A la crasse je réponds par la crasse. Sans excuse pour ceux qui n’en ont pas non plus. Pardon. Et c’est un mot souvent invisible…
Nos mots d’invisibles… Prière à une fleur de fondre en ses pétales. On ne devrait pas cueillir les fleurs. On ne devrait pas arracher des gens à leurs vies, à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Fleur dans les champs. Ma fleur d’invisible. J’ai mal dans le froid et peur dans la montagne. Fleur dans un chant d’invisibles.