ASSIA

Il était une fois quatre femmes (dont une princesse, une égyptienne, une guerrière bienveillante, une philosophe), de milieux différents, d’opinions différentes. Mais rassemblées par les mêmes questions.

ASSIA

Avant de se rencontrer, on appréhendait beaucoup, on avait peur les uns des autres : on se demandait si le courant allait passer.

FRED

Moi j’ai pensé quand j’ai vu Djedjiga et Fatou : elles vont me bouffer toute crue ! Assia, elle avait l’air toute douce.

ASSIA

En fait c’était le contraire.

Sur Fred, on a pensé : « elle est gentille, mais elle a l’air folle un peu ». Avant de la voir on s’est dit : « elle se la pète » mais quand on l’a vu non. Nos impressions ont changé, on s’est posés les mêmes questions.

ASSIA

Qu’est-ce que je vais faire de ma peau, moi femme ?

Je vais faire quoi, comme métier ? De ma vie ?

C’est quoi mon identité ? C’est quoi l’identité ?

Comment on fait pour s’intégrer ? Comment on intègre les autres ?

C’est quoi une femme aujourd’hui ? La femme, c’est la vaisselle, c’est le ménage, elle est minimisée. Nous on ne veut plus faire la vaisselle. Pendant longtemps, ça a été comme ça. Mais les choses évoluent maintenant : les femmes ne veulent plus être étiquetées. On veut être définies par nous-mêmes. C’est ce qu’on fait, maintenant.

FRED

La princesse

DJEDJIGA

« Joie de vivre. Elle disperse autour d’elle sa gaieté, elle fait sourire les autres ».

FATOU

« Elle parle pas beaucoup, mais c’est une sagesse, elle laisse faire les choses ».

FRED

« Elle s’habille bien, elle a la classe, mais c’est aussi une enfant ».

FATOU

« Elle est petite. Très petite. Mais tout ce qui est petit est mignon ! ».

FRED

L’égyptienne

ASSIA

« Elle est douce, mesurée, et calme. Elle fait attention à la manière dont elle va toucher les autres, c’est important. Elle ne met pas à l’écart ».

DJEDJIGA

« Elle sait pas parler français ! Elle invente. Elle est bipolaire un peu ».

ASSIA

« Elle est très sociable. Ouverte. Elle est franche ».

FRED

« Elle est belle, il y a de la noblesse dans ses traits. Ni trop ni peu ».

FRED

La guerrière bienveillante

FRED

« Chaque mot est comme un combat. Elle est très sociable, elle est vive ».

ASSIA

« Elle a des tâches de rousseur, j’aime trop ! C’est beau ».

FATOU

« Elle douce, elle est gentille, elle est forte, et son visage la reflète. Elle est aimante ».

ASSIA

« Elle est dingue. Elle est tout le temps à fond. Elle donne du courage aux autres ».

FRED

La philosophe

DJEDJIGA

« Elle est intelligente. Elle ose l’originalité. Tout est proportionnée chez elle ».

FATOU

« C’est une femme indépendante, osée. Raffinée ».

DJEDJIGA

« Belle. Cultivée, elle a une vraie culture générale. Très ouverte ».

ASSIA

« Elle juge pas au premier regard. Elle est drôle, elle fait rire les autres ».

FRED

Nous avons parlé. Beaucoup. Voici ce que nous avons dit. On vous livre ces phrases brutes, parce qu’il n’y a que comme ça qu’elles font sens, pour nous. C’est ça, notre portrait, c’est notre discussion.

ASSIA

La princesse: Mais les gens, ils aiment bien se mêler de tout (rire), surtout à Epinay.

FRED

La philosophe: Ah ! Est ce que tu vois qu’il y a des exemples de discriminations religieuses dans ta vie de tous les jours ?

ASSIA

La princesse: Euh, franchement, non, j’ai pas été confronté a une discrimination religieuse par exemple, euh, bah, partout en fait.

FATOU

L’égyptienne: Plutôt racial oui, parce que un monsieur, euh, dans le bâtiment d’à côté, un jour il était bourré, et il disait tout ce qu’il voulait. Euh, il disait n’importe quoi, après un jour je suis passée, il m’a traité de sale nègre, tout ça, de dégager de leurs pays, des trucs comme ça.

DJEDJIGA

La guerrière bienveillante: Par contre on dit que les bourrés, quand il sont bourrés, il disent un peu ce qu’ils pensent.

ASSIA

La princesse: En France, ils aiment pas les Arabes et les noirs, ils nous disent de rentrer chez nous. Et les musulmans. Aux Etats-Unis, ils leur disent : « rentrez chez vous » aussi. En fait, ils veulent que tous les africains aillent en Afrique, que les Européens, ils restent en Europe (Rires), que les Français ils restent en France, c’est ça, en fait !

( ON DIT CE QU’EN PENSE CHACUNE )

FATOU

Même si la société elle évolue, les gens pas forcément. Cet homme, pour moi, il refuse de changer.

ASSIA

Il cache sa propre tristesse en fait en discriminant Fatou.

FRED

La philosophe: Bah, comme on est des femmes ici, est-ce que vous la ressentez cette discrimination envers les femmes ? De quelle manière vous la ressentez ?

DJEDJIGA

La guerrière bienveillante: Les gens -surtout les hommes- ont toujours une image de la femme qui doit savoir bien cuisiner, faire le ménage etc …

FATOU

L’égyptienne: Je ressens ça chez moi, moi.

DJEDJIGA

La guerrière bienveillante: Oui, moi aussi, ouais, en fait c’est une question de culture aussi, ‘fin je sais pas si vous, moi dans ma culture, bah, c’est la femme qui doit faire le ménage et à manger etc… Et l’homme qui ramène de l’argent pour la maison, mais après la femme aussi peut travailler, elle doit travailler mais elle doit aussi assurer la maison alors que l’homme, il peut l’aider mais le faire complètement non, ‘fin voila quoi…

FRED

La philosophe: Est-ce que tu trouve ça normal et équitable que la femme fasse ça ?

FATOU

L’égyptienne: Nan, je pense qu’on est au 21e siècle, c’est bon là on peut changer, les frères, ils peuvent faire la vaisselle tout ça, mais j’ai l’impression chez moi ils veulent pas évoluer.

DJEDJIGA

La guerrière bienveillante: En fait c’est notre culture on va dire que c’est ancré dans nos têtes comme depuis qu’on est petit. On a toujours vu ça, que maintenant, on fait pareil comme on a grandi on a envie que les choses évoluent d’un coté et voilà.

FATOU

L’égyptienne: Maintenant on va a l’école on comprend, les femmes, tout ça !

DJEDJIGA

La guerrière bienveillante: Et même au niveau politique, on remarque en fait qu’il y a jamais eu de femmes présidentes en fait ! Et là comme Hillary Clinton, elle était à deux doigts d’être présidente elle avait plus de chances que lui et comme par hasard, encore une fois, c’est un homme. C’est toujours un homme, un homme, un homme. Après au bout d’un moment la politique ça veut pas dire homme aussi hein .

FRED

Ce qui nous a marqué, toutes, dès les premières minutes, c’est comment on était toutes d’accord à propos des discriminations faites aux femmes. Qu’on vit encore, qu’on a vécu. Nous sommes 4 femmes. Ce portrait, ces mots, on a voulu qu’ils créent des images, qui soulignent nos différences, mais qui les dépassent également. C’est ce qu’on a voulu vous faire entendre.

On raconte une histoire qui est la nôtre, pas celle qu’on nous crée ou qu’on nous impose.