Il y a quelques semaines, un groupe de lycéen-e-s et de mastérant-e-s se sont rencontré pour la première fois dans les locaux de Sciences Po. Notre groupe se composait de trois femmes, Gloria, Marion et Sophie, et d’un homme, Aziz. Lors de notre sortie au théâtre, pour la pièce Les Bienveillantes, une des thématiques majeures de la pièce était l’homosexualité du personnage principal. Durant la visite des mastérant-e-s à Epinay-sur-Seine, notre discussion s’est orientée dans la même direction, mais aussi sur les questions de discriminations raciales, basées sur la couleur de peau, sur la religion, et sur la théorie du genre entre autres. Le résultat de notre projet, n’est donc pas un portrait, mais un échange, une rencontre qui a donné lieu à une réflexion autour de ces thématiques si présentes dans nos sociétés.

 

L’homosexualité

Sur la question de l’homosexualité, Aziz a rapporté au groupe un discours souvent entendu dans son entourage, selon lequel il n’était pas normal de voir des hommes ensembles, que ce n’était pas naturel. Que l’on ne pouvait pas être ami avec un homosexuel, que ça troublait les gens et que bien souvent, il fallait tenir avec eux à un bonjour-bonsoir.

Pour Marion, la discrimination envers les homosexuels s’opère à un niveau plus complexe : au moment où ils revendiquent publiquement leur homosexualité. Par ailleurs, elle entend souvent le fait que l’homosexualité ne serait pas un état naturel mais que cela s’apprendrait.

Gloria est du même avis, elle pense que les gens n’acceptent pas l’homosexualité, et qu’ils préfèrent ignorer ceux qui se revendiquent comme tel. À cela s’ajoute la question du regard de l’autre et de l’association. Comme Aziz le dit en citant un rappeur « Dis moi avec qui tu traînes, j’te dirai qui tu es ». Autrement dit, s’afficher avec une personne homosexuelle reviendrait à être perçue également comme homosexuel.

S’ajoute aussi la question de la religion. Pour Aziz qui est musulman et Gloria qui est chrétienne, la question de l’homosexualité est souvent appréhendée sous l’angle religieux. Et l’homosexualité, dans les textes sacrés, est interdite.

Pour Sophie, l’orientation sexuelle, tout comme la couleur de peau ou la religion ne sont pas des fondements pour l’exclusion d’une personne. Elle ne prend pas en compte ces données lors de ses interactions avec les gens, et considère que ces discriminations sont souvent dues à une construction sociale et une question de représentations.

La couleur de peau

Gloria qui est noire de peau témoigne de son expérience : beaucoup de personnes autour d’elle pensaient qu’en Afrique, les gens habitaient dans des petites maisons et que les noirs mettaient uniquement des bouts de tissus comme dans Kirikou. De plus, dans les transports en commun, les contrôleurs viennent toujours la contrôler. Pour Aziz, qui est mate de peau, il trouve que ces choses là ne lui arrivent pas trop.

Pour Marion, elle explique que les gens pensent tout le temps qu’elle est bretonne ou qu’elle vient de Normandie parce qu’elle est blanche de peau. Gloria et Marion n’aiment décidemment pas l’image qu’ont ces individus sur elles car ils se focalisent beaucoup sur des préjugés et des stéréotypes faux.

Sophie est métisse, d’origines suisse et ougandaise. Elle raconte que quand elle va visiter sa famille, que ce soit en Ouganda ou en Suisse, des amis de famille lui font souvent des remarques. En Ouganda, c’est une mzungu, une personne de couleur blanche, mais ce n’est pas juste une question de couleur de peau, c’est aussi sa façon de parler, son accent non-Ougandais, ses expressions… Mais pour Sophie, ça ne la dérange pas plus que ça, après tout, le terme n’est pas péjoratif.

 

Lorsque le groupe a abordé les polémiques liées aux débats sur le genre, la discussion s’est plutôt orientée vers les inégalités de salaires entre hommes et femmes au sein de la société. Tous étaient d’accord que c’est un fait inacceptable. Malgré nos différences d’opinions, c’est véritablement l’échange, la discussion et le partage de nos idées qui a fait la force de ce projet. À la fin de cet échange, nous nous sommes rendu compte que concernant les discriminations en direction des homosexuels, le débat avait beaucoup tourné autour des hommes et non des femmes. Une thématique à aborder une prochaine fois !