Il était une fois Mohamed, Aïssatou, Zakaria et Anne. C’est l’histoire d’un conte du présent. Quatre personnages, quatre jeunes Français qui réfléchissaient ensemble sur les pratiques de marginalisations dans nos sociétés. Mohammed, Aïssatou, Zakaria étaient en ES au lycée Feyder, d’Epinay-sur-Seine tandis que Anne était étudiante en histoire à Sciences Po. Comme pour la Joconde, leur portrait collectif est d’abord une peinture faite avec des mots. Mohammed avait 16ans, il était plutôt grand , de couleur marron , gentil , sociable mais menteur. Aïssatou avait 15ans, elle avait de l’humour , beaucoup de caractère et elle était ambitieuse et imprévisible. Zakaria avait 15ans , il était sportif tout comme Mohammed. Anne avait 21ans, elle était plutôt entreprenante mais timide, elle était rousse , blanche avec les yeux vairons. Ils étaient tous différents mais avaient le même point commun : le projet. C’est grâce à lui qu’ils se sont rencontrés. C’est l’élément perturbateur, pas le loup du petit chaperon rouge – mais l’histoire ici n’est pas si tragique – mais la bonne fée qui permet la discussion.
Ils voulaient discuter sur leurs différences, celles qui sont bien vues ou au contraire celles qui font l’objet de discriminations. Ils voulaient briser les stéréotypes que l’on peut trouver dans la vie de tous les jours, et parfois en y participant sans le savoir ; et parfois en en étant victimes .Il était important de parler sur les marginalisations maintenant car celles-ci ont des dimensions politiques amplifiées par les attentats et la crise économique comme par exemple la discrimination envers les musulmans avec l’élection de Trump et la monté en puissance du Front National. Et puis il y avait l’ombre de Hitler, de l’extermination nazie, des Bienveillantes de Guy Cassiers qui était un autre point commun entre nos quatre personnages. Ils avaient peur du retour du passé, du passage de la discrimination à la marginalisation, de son instrumentalisation politique, de la recherche de bouc-émissaires.
Ils étaient tous d’accord sur ce que était la marginalisation, un phénomène d’exclusion qui met a l’écart certaines personnes de la société. Pour eux, une personne marginalisée était une personne immigrée, un SDF, un réfugié ou un gitan. Les gens ont souvent une mauvaise image d’eux, ils les méprisent et ont peur d’eux comme s’ils ne voulaient pas être contaminés. Car oui, aucun ne nous ne veut être marginalisé ou exclu car cela cause beaucoup de souffrances. C’est une question d’images et d’impressions, de stéréotypes. Ils entendaient souvent dire que les marginalisés sont tous pauvres, qu’ils sont des voleurs, des incapables, des voleurs de travail. Alors les marginalisés doivent être discrets, car un mauvais comportement d’eux nuit à tous ceux qui se trouvent dans la même situation. Si un gitan vole, tous les gitans sont voleurs ; si un SDF est alcoolique, tous les SDF sont alcooliques. Ils se rendent invisibles, ils habitent dans des campements loin des villes, sous les ponts. On les rend invisibles car on ne veut pas les voir quand on passe tous les jours devant eux dans la rue.
Alors tout ça, l’exclusion, la marginalisation nous a amené à discuter des normes. Encore un point commun dans notre portrait : nous suivons les mêmes normes vestimentaires, nous avons eu les mêmes cours scolaires. Nous nous ressemblons tous un peu, même si nos goûts peuvent être différents. Nos amis nous ressemblent car ils ont les mêmes centres d’intérêts et c’est pour ça qu’on les aiment et qu’ils sont nos amis. Mais les normes varient, il y a des conflits qui conduisent à des discriminations. Les femmes voilées par exemple qui ne peuvent pas aller travailler voilées sans l’accord de leur patron, ni entrer dans les lycées. Le voile est une norme dans la religion mais n’est pas acceptée dans la république laïque. Mais si elles sont discriminées dans le monde du travail, dans la rue, elles ne sont pas marginalisées car elles ne sont pas abandonnées par tous. Elles ont une culture, une famille, un cercle d’appartenance.
Alors voilà ce qu’est la marginalisation : un élément perturbateur d’aujourd’hui comme d’hier qui a causé bien des désastres. Et nous voici, nous quatre, face à de bien grands obstacles pour y trouver une solution. Alors nous avons décidé de vous faire part de notre discussion pour discuter ensuite avec vous et ensemble mettre en évidence ces pratiques et tenter de les éliminer. Voilà, vous faites maintenant aussi partis de notre portrait collectif !